Newsletter 12-2025

COURSE

Benjamin Dutreux : « C’est le projet rêvé ! »

Trois jours avant le départ de la Transat Café L’Or, dont il a pris la 9e place avec Arnaud Boissières, Benjamin Dutreux a présenté le 23 octobre au Havre son nouveau projet Imoca, soutenu par son partenaire titre 4CAD, qui passe par un bateau neuf, plan Antoine Koch construit chez Multiplast. Le Vendéen nous en dit plus.

Benjamin Dutreux, entre Yann Penfornis et Stéphane Letheule, président de 4CAD (© DR)

Pourquoi avoir choisi de lancer la construction d’un Imoca ?

En rentrant du dernier Vendée Globe (10e place), j’avais dit à mes partenaires que pour continuer à avoir la motivation et à mettre encore beaucoup d’énergie pour y aller à fond, j’avais besoin d’un projet qui puisse me stimuler. Et ce projet, c’était d’être en mesure de concurrencer les meilleures équipes et de prétendre gagner le Vendée Globe. Ça fait maintenant plus de huit ans qu’avec mon équipe, on évolue dans cet univers de l’Imoca, il était temps de franchir cette marche. Et j’ai la chance que mes partenaires, et en particulier 4CAD, aient accepté de me suivre. Pour moi, sportivement, c’est un projet rêvé. Après, je suis bien conscient de la grosse dose de boulot que représente le fait de construire un Imoca, ce qui est une chose nouvelle pour notre équipe. On le savait, mais maintenant qu’on met les pieds dedans, on se rend encore plus compte que c’est un bateau très complexe, mais c’est d’autant plus passionnant.

Comment s’est fait le choix de l’architecte (Antoine Koch) et du chantier Multiplast ?

Quand on a acté avec 4CAD la décision de lancer une construction, on a remué ciel et terre pour trouver des solutions en consultant architectes et chantiers. Nous étions d’ailleurs sur le point de proposer trois options à nos partenaires, quand une quatrième est arrivée l’été dernier, qui s’est avérée de loin la meilleure, au moins en termes de faisabilité et de praticité. Sam (Goodchild) avait commencé à bien travailler avec son partenaire (Leyton) sur un sistership de Paprec (le futur Imoca de Yoann Richomme) quand il a été contacté par la Macif pour succéder à Charlie (Dalin) en vue du prochain Vendée Globe. Le fait qu’il ait accepté a libéré cette opportunité de construire ce sistership chez Multiplast, nous nous sommes empressés de la saisir. Antoine Koch a prouvé lors du dernier cycle Imoca sa capacité à faire des bateaux performants. Et maintenant qu’il a le recul de cette précédente campagne, je suis persuadé qu’il a moyen de faire mieux que les autres, c’est en tout cas son ambition, qu’on partage. Nous nous sommes d’ailleurs bien entendus sur cette idée d’avoir envie de gagner le Vendée Globe. Quant à Multiplast, pour la petite histoire, il y a six ans, il était déjà question qu’on construise un bateau, j’avais été voir Yann (Penfornis, directeur général), on s’était rencontrés pour la première fois. Le projet avait finalement capoté, mais quand on a réfléchi à celui-ci, je l’avais forcément de nouveau consulté. Et finalement, avec ce choix de construire dans les moules de Paprec, à la fois pour des raisons de timing, d’impact environnemental et d’équilibre budgétaire, on va enfin travailler ensemble. Comme quoi, les choses sont bien faites, on retourne dans le chantier dont on avait tapé à la porte en premier il y a quelques années !

Comment va se passer la collaboration avec l’équipe Paprec ?

Il y a tout de suite eu un bon « fit » entre nos deux équipes, c’est un gros point positif. Yoann (Richomme) et moi, on s’est fréquentés de loin pendant trois ans sur la Solitaire du Figaro, j’apprends à le connaître un peu mieux, c’est quelqu’un qui aime beaucoup échanger. Et c’est la même chose pour son équipe, qui est très ouverte et à l’écoute de ce que nous pouvons apporter comme solutions, alors que nous avons quand même moins d’expérience qu’eux. On essaie d’être moteurs avec eux dans les choix qui sont faits, je pose cartes sur table les idées que j’ai notées sur mon calepin depuis des années et on essaie d’arbitrer ensemble. La première phase de collaboration est écrite, avec l’objectif de faire les bateaux les plus proches possible. Et à la fin de la construction, si on est toujours amis, ce qui est clairement notre but commun, on sera forcément gagnants si on continue à échanger nos datas et nos retours d’expérience.

Un projet plus important et ambitieux, cela veut-il dire une équipe plus étoffée autour de toi ?

Oui, tout à fait. Nous sommes déjà dix à temps plein, soit une équipe Imoca moyenne, l’objectif est de passer à une quinzaine et de recruter des personnes dans des métiers que nous n’avions pas encore chez nous, particulièrement en bureau d’études. Maintenant que nous avons commencé à mettre le doigt dans les questions de design, il y a énormément d’infos qui tombent, pas mal de choix à piloter, je n’ai pas envie qu’on ne soit pas acteurs, je veux qu’on puisse prendre des décisions en connaissance de cause, d’où la nécessité de s’entourer.

EN BREF

ARCHITECTURE. Multiplast a mené à bien fin octobre l’assemblage du dôme de la Maison départementale de l’Environnement et de l’Observation de Valberg (Alpes-Maritimes), un dôme constitué de 16 pétales fabriqués à Vannes sous la responsabilité de Samuel Napoleoni et transportés sur les derniers kilomètres en hélicoptère. Cet ouvrage, dessiné par le cabinet Wilmotte & Associés Architectes, avec qui Multiplast avait déjà construit en 2015 les 5 dômes de la cathédrale orthodoxe de Paris, ouvrira ses portes au public début 2026.

SITE INTERNET. La nouvelle version du site internet de Multiplast a été lancée en novembre, en français puis en anglais. Plus moderne et aérée, elle permet de tout savoir sur l’entreprise : présentation des équipes et des moyens de production, des différents domaines d’activités stratégiques et des procédés utilisés, rubriques emploi, pour rejoindre nos équipes, et actualités, dans laquelle vous pourrez retrouver cette newsletter.

QUALITÉ. Multiplast a été audité avec succès pendant deux jours et demi du 18 et 20 novembre dans le cadre du suivi de la certification ISO 9001/EN 9100. Prochain rendez-vous pour cette formalité, primordiale pour garantir auprès des donneurs d’ordre le niveau de qualité de la production des ateliers, dans un an !

COURSE. Multiplast a reçu ces dernières semaines la visite de deux teams Imoca qui ont fait confiance au chantier pour la construction de leur futur bateau : le Dr Mori, président de DMG Mori, accompagné du skipper Kojiro Shiraishi et du team manager de l’équipe, Jacques Caraës, a ainsi pu se rendre compte de l’avancée du nouveau plan Verdier, attendu courant 2026. De son côté, Yoann Richomme a lui aussi tenu à rendre visite aux équipes qui viennent d’attaquer la construction de son prochain Paprec, dessiné par Antoine Koch.

LAURÉAT. Le 9 décembre, le Groupe Carboman a rejoint la sixième promotion du programme ETIncelles, initiative lancée par le gouvernement français et pilotée par le ministère de l’Économie, pour accompagner le développement des ETI (Entreprises de taille intermédiaire) et les aider à porter leur croissance.

COURSE. La 17e édition de la Transat Café L’Or a une nouvelle fois été l’occasion de mettre en valeur des bateaux construits en partie ou en totalité chez Multiplast, avec en particulier la victoire en Ultim de SVR Lazartigue (coque centrale), devant Sodebo Ultim 3 et Actual Ultim 4 (ex-Maxi Edmond de Rothschild), et la très belle deuxième place en Imoca de 11th Hour Racing, l’ex-Malizia skippé par Francesca Clapcich et Will Harris. 

RECORDS.  Elles sont parties ! C’est le samedi 29 novembre à 14h40 que l’équipage 100% féminin, mené par Alexia Barrier, avec Dee Caffari à ses côtés, s’est élancé autour du monde dans le cadre de The Famous Project CIC, à bord d’Idec Sport, le mythique plan VPLP construit chez Multiplast il y a maintenant vingt ans. Leur objectif : établir un chrono de référence féminin sur ce parcours autour du monde et tenter de se rapprocher au maximum des 40 jours 23 heures et 30 minutes, temps mis en janvier 2017 sur ce même trimaran par celui qui détient toujours le Trophée Jules Verne, Francis Joyon. Leur trajectoire est à suivre ici.

PROPULSION VÉLIQUE

Nicolas Abiven : « On est encore au tout début de l’histoire »

Cette fin d’année 2025 aura marqué une étape importante pour le projet Solidsail des Chantiers de l’Atlantique, puisque Neoliner Origin, équipé de deux gréements SolidSail et des voiles en composite fabriquées par Multiplast, a effectué ses premières rotations transatlantiques commerciales entre Saint-Nazaire et le continent américain. De son côté, Orient Express Corinthian, paquebot de luxe de la marque du groupe Accor doté, lui, de trois mâts, effectue ses premiers essais en mer en décembre. L’occasion d’échanger avec Nicolas Abiven, l’ingénieur qui pilote ce projet de propulsion vélique pour les Chantiers de l’Atlantique.

© Michel Perrin

Comment s’est passée la mise en service de Neoliner Origin ?

Traverser l’Atlantique Nord en automne pour la mise en route s’est avéré un sacré défi, l’équipage a été confronté pour sa première transat à 60-70 nœuds de vent, des conditions dans lesquelles il faut apprendre à se servir de l’ensemble, ce n’était pas évident. Mais une fois qu’on a fait l’Everest en hiver, c’est plus facile de s’attaquer au Mont-Blanc en été, là, c’est à peu près la même chose ! Et ça permet d’apprendre énormément, on voit que beaucoup de choses fonctionnent bien, en particulier les voiles, et que d’autres sont encore à améliorer. Nous espérons finir cette première boucle d’améliorations courant janvier lorsque le bateau sera rentré à Saint-Nazaire.
 
Et du côté d’Orient Express, où en est-on ?

Ça se passe très bien, le premier bateau est à l’eau depuis le mois de juin, les trois mâts ont été installés début septembre, toute la partie essais à quai, nécessaire avant de partir en mer, s’est achevée début décembre et il a débuté ses premiers essais en mer dans la foulée. Le projet bénéficie de tout ce que nous sommes en train d’apprendre avec Neoline, donc c’est forcément un peu plus facile, il n’y a pas de points bloquants. La mise en service est prévue au deuxième trimestre 2026, tandis que le deuxième bateau, dont la partie structure métallique est en construction, tout comme les mâts qui sont en train d’être fabriqués chez Solidsail Mast Factory à Lanester, sera lancé un an plus tard.
 
Justement, comment tourne aujourd’hui Solidsail Mast Factory (l’usine qui produit les mâts, mise en service au printemps dernier) ?

Elle monte en puissance. Nous comptons aujourd’hui 22 personnes en CDI, nous monterons à 35 courant 2026, le carnet de commandes est plein avec quatre mâts à construire. Trois pour l’Orient Express n° 2, le quatrième étant le G800, un gréement qui sera capable de tenir 800 m2 de voiles au total (contre 1 500 m2 pour les mâts jusqu’ici fabriqués), que l’on destine à des bateaux dans la gamme des 100-150 mètres. Notre robot d’usinage tourne depuis mai/juin, la phase de prise en main se passe très bien, et nous apprenons à maîtriser le robot de drapage, avec lequel nous avons drapé les premiers plis pour nos clients fin novembre, c’est une très grosse étape pour nous.
 
Quel regard portez-vous sur ce marché naissant de la propulsion vélique ?

Je suis immergé dans ce secteur depuis presque dix ans, donc j’ai parfois du mal à prendre du recul ! Disons qu’il y a deux phases. La première avec des démonstrateurs et des preuves de concept qui sont plutôt financés en Europe, où il existe pas mal de dispositifs d’aides à la R&D. Et une seconde phase, où l’enjeu est justement de répondre aux problématiques du marché, notamment en termes de prix, ce qui est le gros défi du moment. Avec SolidSail, nous nous sommes clairement positionnés dans une partie du spectre à part : nos gréements propulsent les navires dès qu’il y a un peu de vent, parce que nous proposons les plus grandes surfaces de voiles – quasiment deux fois plus que nos concurrents – et des solutions très légères. Nous sommes aujourd’hui les seuls à faire ça. Avec le G800, nous allons compléter notre offre avec des ensembles de taille proche de certains de nos concurrents tout en restant légers. Nous espérons qu’avec cette gamme, nous allons répondre à un besoin et que nos gréements vont séduire une partie du marché de la propulsion vélique. Il faut qu’on arrive à convaincre, nous avons de bons prospects et nous espérons annoncer de nouvelles commandes d’ici quelques semaines. Sachant qu’on en est encore au tout début de l’histoire. Le marché va peu à peu faire son tri et le parcours est encore semé d’embûches, avec notamment la concurrence des Chinois qui sont déjà très agressifs sur les prix, on ne s’attendait pas forcément à ça.

DANS LE GROUPE CARBOMAN

Entre Multiplast et Cubik, un partenariat vertueux

Depuis un an, Multiplast est accompagné par le groupe Cubik, leader français dans l’accompagnement aux démarches d’excellence opérationnelle, afin d’optimiser ses process de production et d’organisation. Explications.

Tout a commencé fin 2024 lorsque, par l’entremise des Chantiers de l’Atlantique, Multiplast entre en contact avec le groupe Cubik, qui accompagne depuis un peu plus de vingt ans en conseil et formation les entreprises autour de la notion d’excellence opérationnelle – plus de 120 consultants répartis dans quatre agences (Nantes, Paris, Toulouse et Lyon), pour un chiffre d’affaires de plus de 20 millions d’euros. « En échangeant avec eux, j’ai vu l’intérêt d’une collaboration pour améliorer le management et l’organisation de nos ateliers« , commente Jean-Denis Bargibant, président du groupe Carboman.

© Multiplast

« La demande de Multiplast s’inscrivait dans un contexte de forte activité, avec un carnet de commandes jamais connu dans son histoire, une intensification de la diversification, notamment dans les secteurs de la défense et de l’aérospatial, des mouvements d’effectifs qui nécessitaient une stabilité organisationnelle et des objectifs de performance financière de l’entreprise à court et long terme », explique de son côté Antoine Birot, consultant en charge du dossier pour Cubik.

Première mission du cabinet de conseil, établir un diagnostic complet, qui fin 2024, est présenté à Multiplast et comprend, selon ce dernier, « les forces de l’organisation et les gisements de progrès« . Ces derniers sont déclinés en sept points : faire progresser l’environnement de travail des ateliers, affiner la gestion de charge opérationnelle, structurer le métier supply chain, faire grandir le pilotage opérationnel à tous les niveaux, développer la maîtrise de la qualité sur toute la chaîne de valeur, renforcer la relation études/production et structurer la démarche globale d’amélioration continue.

A partir de là, une deuxième phase de collaboration s’est enclenchée en janvier 2025 pour mettre en œuvre cette feuille de route, elle se poursuivra jusqu’à la fin du premier trimestre 2026. « Ce qu’on dit à nos clients, c’est que notre collaboration doit être dégressive, dans le sens où, au fil des mois et des années, on doit se retirer pour que la démarche s’internalise et que les clients deviennent autonomes dans leur démarche de performance », explique Antoine Birot. Ce qui est peu à peu le cas pour Multiplast, qui accueillera à partir du 1er janvier un responsable d’amélioration continue, à charge pour ce dernier de poursuivre le travail entamé avec Cubik, seul ou accompagné par le cabinet.

Pour Yann Penfornis, directeur général de Multiplast, le bilan de la première année s’avère positif : « Le côté rationnel et pragmatique de Cubik nous a permis de réorganiser certaines équipes, mais aussi de mettre en place des outils pour une meilleure organisation spatio-temporelle de nos ateliers, ce qui est un vrai enjeu pour nous quand le carnet de commandes est chargé. » Et ce dernier d’ajouter : « Le fait d’initier une telle démarche montre une certaine maturité à nos donneurs d’ordre, certains qui nous ont audités récemment ont d’ailleurs vu une vraie différence. »

PARTAGER
VOS CONTACTS PRESSE

"If your dreams don't scare you, they are not big enough"

Nos autres articles

Newsletter 12-2025

En savoir +

Newsletter 10-2025

En savoir +

Newsletter 05-2025

En savoir +

Faisons plus que naviguer sur cette page. Parlons de vos ambitions !

Explorez nos expertises, découvrez notre atelier et donnons vie ensemble à vos projets composites les plus exigeants. Contactez-nous dès aujourd’hui !